La dénomination de "bisquine", apparue dans les registres de la marine
vers 1820, serait issue de la Biscaye, province d'origine de baleiniers basques venus s'établir en Manche.
Elle désigne de forts voiliers de pêche bretons et normands dérivant des lougres et gréés en bisquine.
C'est un gréement "au tiers" intégral, sur deux ou trois mâts, avec trois étages de voiles, le troisième (les voiles de perroquet, appelées ici rikikis) n'étant utilisé que pour le travail en cas de vent faible ou pour rentrer très vite vendre la récolte au meilleur prix. Il est d'un maniement très simple, par un équipage peu nombreux ( 5 hommes, le mousse et le capitaine.)
Un bout-dehors démesuré (plus de la moitié de la longueur de la coque), véritable lance caractéristique de la région du Mont Saint Michel au XIXe siècle, permet l'établissement d'un très grand foc sur l'avant pour stabiliser la marche. D'abord, des coques de lougres, vaisseaux de haute mer, furent gréées en bisquine ; puis une coque spécifique fut dédiée à ce voilier de côtes sableuses, dépourvues de ports en pleine eau.
C'est devenu un quillard, avec un plan de dérive très prononcé d'environ 20 mètres de long, capable de supporter l'échouage sur plage de sable. La maquette de demi-coque de "La Perle" ( ci-contre ) donne une idée de son élégante robustesse.
Les bisquines sont l'aboutissement d'une longue compétition en lieu clos entre marins bretons et marins
normands ; c'est peut-être pour celà qu'on les considère souvent comme les voiliers de pêche les plus toilés de
France, avec un rapport surface de voile sur longueur de coque aussi important que celui des clippers. Leur
puissance de traction en fait d'excellents voiliers de dragage, d'autant qu'ils sont dotés d'une coque à fort
plan de dérive.
Les premières bisquines étaient des embarcations déplaçant moins de 13 tonneaux. Elles ont évolué vers des unités plus importantes, adaptées aux besoins de la pêche au chalut, pratiquée toute l'année dans la baie du Mont Saint Michel, ainsi qu'au dragage des "pieds de cheval" ; plus de cent millions de ces huîtres plates sauvages étaient extraites chaque année de la baie à un stade immature pour être mises à grossir en parc.
Le gisement naturel tendant à s'amenuiser, Louis XIV publia dès 1787 une ordonnance limitant le dragage des huîtres à une quinzaine de jours, du lever au coucher du soleil : les jours autorisés, les bisquines appareillaient en flottilles pour se rendre sur le lieu de pêche. Ces rassemblements, aux alentours de Pâques, étaient appelées les "caravanes", cancalaise et granvillaise. La rapidité des voiliers et le savoir-faire de l'équipage faisaient alors la différence.
Les régates de Cancale, illustrées par de rares peintres de marine, comme Philippe HULIN, débutèrent en 1845 et durèrent jusqu'à la disparition des bisquines, en 1940.
Il fallut la volonté de Jean LE BOT, qui avait relevé en 1958 les plans de
l'épave de "La Perle", pour parvenir en 1985 à la construction de la bisquine "La Cancalaise" sous la direction
de Raymond LABBE.
Lancé le 18 avril 1987, ce voilier de 17,6 m de long et de 55 tonnes a aujourd'hui son mouillage dans l'anse de Port-Mer, au nord de Cancale. Il est disponible à la location, avec skipper et équipage, pour toutes sortes de croisières, sous l'égide de l'Association Bisquine Cancalaise (A.B.C.).
C'est "la Granvillaise", qui est, elle aussi, proposée à la location. Sournoisement attaquée par la Mérule,( qui n'est pas un corsaire mais un champignon ), ce bateau a été mis à sec pendant six mois pour travaux de traitement de la coque.
"L'Ami Pierre" a été mis à l'eau en 1994 à Saint Vaast-la-Hougue sous l'égide du
Musée maritime " île de Tatihou".
Cette petite bisquine de 9 mètres est une réplique de la "Jeune Edouard"(1861). Elle propose des balades en mer, avec un équipage de deux marins.
copie presque conforme de la page Bisquine Claude Benech
(le 29 01 11 Alain)